Rapport de recherche

Entre le « eux » et le « nous » : la stigmatisation des personnes en situation de pauvreté et d’assistance sociale

À l'été 2017, le Collectif pour un Québec sans pauvreté a mandaté le Laboratoire de recherche en sociologie de l'Université Laval pour travailler sur la question des préjugés à l’égard des personnes assistées sociales. Selon l'expérience du Collectif, les personnes assistées sociales font l'objet de stéréotypes et de préjugés plus négatifs que l'ensemble des personnes en situation de pauvreté. C'est dans l'objectif de mieux combattre ces préjugés que le Collectif voulait creuser la question davantage.

Afin d'y répondre, deux étudiantes en fin de baccalauréat ont mené de courtes entrevues auprès de 90 personnes de la région de Québec. Les participantEs étaient amenéEs à réfléchir sur l’ampleur des phénomènes de la pauvreté ou de l'assistance sociale, sur les causes susceptibles de mener à vivre ces situations ainsi que sur les caractéristiques des individus vivant ces réalités. Au cours de l'enquête, 45 répondantEs ont répondu aux questions en se référent à ce qu'ils connaissent (ou croyaient connaître)  des personnes en situation de pauvreté et les 45 autres, des personnes assistées sociales. Les étudiantes-chercheures ont ensuite comparé les principaux stéréotypes et préjugés concernant les deux groupes à l’étude.

En voici quelques faits saillants :

  • « Les personnes en situation d’assistance sociale sont [...] étiquetées plus négativement que les personnes en situation de pauvreté.»
  • « Le degré de stigmatisation varie en fonction de la part de responsabilité qui est attribuée à une personne pour sa situation d’assistance sociale. Ainsi, plus cette dernière en est reconnue comme responsable, plus elle présente les caractéristiques associées au "mauvais pauvre" et plus son recours à l’aide financière publique est perçu comme illégitime.»
  • « Les jugements les plus négatifs à l’égard des personnes assistées sociales concernent celles qui sont considérées comme sans contrainte à l’emploi et qui sont jugées responsables de leur situation économique. Ce sont ces dernières qui représentent l’image du "mauvais pauvre" et leur recours à l’assistance sociale est souvent perçu comme illégitime.»
  • Les chercheures expliquent « la construction et la perpétuation des stéréotypes et des préjugés par le recours au cadre normatif. La société est imprégnée par les normes de l’emploi, de l’autonomie financière et de la responsabilité individuelle.»
  • «C’est dans une relation entre les personnes qui adhèrent et mettent en pratique les normes précédemment mentionnées et les personnes assistées sociales qui les transgressent que les stéréotypes et les préjugés à leur égard se construisent et se perpétuent. Il s’opère, au sein de ce rapport, une séparation entre un "nous" et un "eux". »
  • « Le contexte politique et social actuel est un terreau particulièrement fertile pour la perpétuation des stéréotypes et des préjugés négatifs à l’égard des personnes assistées sociales. Par des politiques telles que le Programme objectif emploi, l’État québécois reconnait et alimente le stéréotype de l’assisté social qui "manque de volonté". »


Créé le4 juin 2018
Dernière modification9 juillet 2018

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