La conférence de presse du 1er juin 1999

Une loi-cadre pour éliminer la pauvreté: Un projet audacieux et maintenant incontournable!

Québec, le 01/06/99 . Aurons-nous un jour au Québec une loi-cadre pour
éliminer la pauvreté? Plus de soixante mille personnes déjà ont répondu à la
question en signant la pétition lancée par le Collectif pour une loi sur
l'élimination de la pauvreté et affirment : «Éliminer la pauvreté, c'est possible et
nous le voulons.» Des milliers d'entre elles, provenant de pratiquement tous les
secteurs de la société et de toutes les régions du Québec, ont dit: «Faisons-là,
cette loi, et ça se fera!». Et elles se sont réunies localement au moins une fois au
cours des derniers mois pour réfléchir ensemble et contribuer au contenu de
cette loi. Dorénavant une chose est sûre: l'idée qu'on se donne au Québec une
loi-cadre pour éliminer la pauvreté, une idée apparue dans le sillage du
Parlement de la rue, est là pour rester et elle est en train de prendre une
ampleur incontournable.

C'étaient là les deux objectifs du Collectif pour l'année 1998-1999 : devenir nombreux,
nombreuses, à vouloir une telle loi et contribuer à son contenu. Ces objectifs ont été
cooptés par le réseau qui s'est peu à peu formé autour de l'idée depuis l'automne
dernier. Le Collectif tient d'ailleurs aujourd'hui au Centre Lucien-Borne à Québec une
rencontre élargie avec ses organisations membres et des personnes et groupes agissant
comme relayeurs dans différentes régions et secteurs d'activité. Ceci pour faire le point
sur l'évolution de ce travail de mobilisation à contre-courant et voir venir la suite.

La pauvreté : un problème de société majeur qui peut être solutionné

La pauvreté est un problème de société majeur et planétaire qui a la particularité au
Québec de persister dans une société riche qui serait capable de le régler. Environ une
personne sur cinq vit au Québec les conséquences de cette forme d'exclusion qui ne
touche pas seulement l'aspect économique mais un ensemble indissociable de droits
pourtant reconnus. Une personne sur dix ne dispose pas des dollars vitaux nécessaires
pour couvrir ses besoins essentiels. Et la preuve est faite dorénavant : la croissance
économique ne règle pas en soi les inégalités, elle les accroît. Un mouvement de citoyenneté en émergence
Pour des milliers de personnes, pauvres ou non, cette situation est devenue intolérable.

Depuis la Marche des femmes contre la pauvreté en 1995, un mouvement citoyen de
lutte contre la pauvreté est en émergence. Il a d'abord proposé une clause
d'appauvrissement zéro pour le cinquième le plus pauvre de la population, puis une
direction claire avec le slogan «De l'appauvrissement zéro à la pauvreté zéro». Il y avait
là l'essence d'un programme. La première Décennie des Nations Unies pour l'élimination
de la pauvreté, inaugurée en 1997, invitait à l'audace.
C'est alors que le Carrefour de pastorale en monde ouvrier (CAPMO) a mis au jeu à
l'automne 1997 l'idée d'une loi-cadre sur l'élimination de la pauvreté qui pourrait
engager la population du Québec et son gouvernement dans une action résolue et non
partisane qui viserait à franchir en dix ans les étapes qui pourraient faire de la société
québécoise une société libre de pauvreté et d'exclusion. Cette loi serait à construire
ensemble en donnant une place première aux personnes qui vivent la pauvreté dans le
processus. Une base de discussion fournissait un point de départ.

Devant l'adhésion remportée par l'idée, les organismes nationaux qui l'avaient appuyée
se sont formés au début de 1998 en Collectif pour une loi sur l'élimination de la
pauvreté. En prenant ainsi le relais du CAPMO, le Collectif assurait des bases solides
pour passer de l'intention à l'action et pour traverser les étapes du processus de
citoyenneté nécessaire à l'adoption d'une telle loi. Il est maintenant composé de plusieurs
organisations actives en milieu populaire, syndical, féministe, professionnel, religieux et
même financier, qui lui assurent une large représentativité.

Un réseau, une pétition, des outils pour contribuer au contenu de la loi

Vu l'importance de l'enjeu, le Collectif a choisi de commencer par se donner des bases
solides avant d'aller sur la place publique. En septembre 1998, il a publié une trousse
d'animation contenant une pétition, des outils de travail, la base de discussion de départ
et des déclencheurs qui ont connu une large diffusion. Neuf mois plus tard, c'est tout un
réseau, ouvert et décentralisé, qui s'est mis en place. Des centaines d'activités ont été
menées par l'équipe du Collectif et par les groupes multiplicateurs, de La Reine, en
Abitibi, à New Richmond, en Gaspésie. Des collectifs de travail sont actifs dans presque
toutes les régions. Les appuis s'accumulent de même que les contributions au contenu de
la loi.

Cette opération s'avère dès maintenant un succès sur le plan de la lutte à l'exclusion au
moins de deux façons: par la place qu'ont prise les personnes qui vivent la pauvreté dans
le processus et par l'émergence d'une conscience solidaire qui traverse les barrières
sociales. Comme le dit Claude Gariépy, un syndiqué CSN impliqué dans la promotion
du projet au niveau municipal : «Quand la pauvreté disparaît, c'est toute la société qui
change!»

Il est clair que ce mouvement de citoyenneté ne fait que commencer. Déjà l'étendue du
support à l'idée étonne. Sur la liste des appuis d'organismes, outre les membres du
Collectif et plusieurs groupes nationaux, on compte de nombreux groupes de base,
cuisines collectives, groupes de défense de droits, centres de femmes, groupes
d'alphabétisation, syndicats locaux, communautés religieuses, paroisses, mais aussi
quatre CLSC, un CLD, une caisse populaire, une commission scolaire, des conseils d'établissement d'école, une chambre de commerce, une municipalité et même une
section locale, la section des Laurentides, de la Société nationale des QuébécoisEs. Dans
ce processus, des professionnel-le-s en santé publique tout comme des personnes sans-abri
auront eu l'occasion d'exprimer leurs vues. Lesquelles auront été soigneusement
consignées et compilées en vue de fournir la base de cette loi... en construction
collective.

Une loi-cadre, un moyen à l'avant-garde!

Une loi-cadre n'est certes pas le seul moyen, ni même un moyen suffisant pour éliminer
la pauvreté. Elle est un moyen qui permet une stratégie nationale de lutte à la pauvreté
qui doit s'intégrer à un ensemble de stratégies locales et internationales et à une
résistance de tous les instants aux ravages causés par l'économie néolibérale. En même
temps, une loi-cadre c'est une bonne stratégie au tournant du 21 e siècle pour imposer
qu'on tienne compte à un niveau national des engagements qu'ont pris les États du
monde, à Copenhague par exemple en 1995, de réduire la pauvreté et même d'éliminer
la très grande pauvreté. Si la stratégie québécoise est à l'avant-garde et pourrait
constituer une première en matière de lutte à la pauvreté, elle est confirmée largement
par des positions récentes de la Commission des droits de l'homme des Nations Unies et
du Programme des Nations Unies pour le développement. C'est ce qu'ont compris les
déléguées internationales de la Marche mondiale des femmes de l'an 2000, qui ont
décidé l'automne dernier de marcher en réclamant chacune dans leur pays une loi-cadre
pour éliminer la pauvreté.

La suite

Et la suite? Vivian Labrie, porte-parole du Collectif, précise: « Notre action ne fait que
commencer. Au cours des prochains mois, nous allons compiler et chercher à saisir à
travers les contributions reçues les fils conducteurs d'un contenu de loi qui pourrait nous
ressembler, nous rassembler et nous décider. Nous le proposerons à notre réseau pour
débat. Après quoi, il sera grand temps de passer à l'étape plus politique en vue de
concrétiser ce projet par une véritable législation. Que les élu-e-s y pensent : nous allons
leur proposer alors une occasion unique de faire beaucoup de bien au Québec. »

D'ici là la population est invitée à joindre les rangs de ce mouvement de citoyenneté en
émergence en signant et en faisant signer la pétition qui circule à cet effet. Les
organismes sont invités à manifester leur appui par une lettre. Le Collectif reçoit aussi,
jusqu'au 30 juin, les contributions de quiconque voudrait s'exprimer sur le contenu à viser
par cette loi.

On peut se procurer les outils d'animation en s'adressant au Collectif
(C.P. 1352 Terminus, Québec (Québec), G1K 7E5. Téléphone: (418) 525-0040.
Télécopieur: (418) 525-0740. Courrier électronique: pauvrete@clic.net)

Faisons-là cette loi, et ça se fera!

-30-


Créé le1 juin 1999
Dernière modification13 avril 2016

File
1460585555wpdm_6_990601.pdf


Téléchargement