Lettre accompagnant les réponses du Collectif aux questions posées par une équipe du ministère de la Solidarité sociale

Québec, le 4 avril 2002
Madame Linda Goupil
Ministre d’État à la Solidarité sociale, à la Famille et à l’Enfance
Madame Nicole Léger
Ministre déléguée à la Lutte contre la pauvreté et l’exclusion
Madame Jocelyne Caron
Ministre déléguée à la Condition féminine
425 St-Amable, 4e étage
Québec (Québec) G1R 4Z1

Ainsi que Madame Geneviève Bouchard, sous-ministre adjointe aux politiques, et son collègue Paul Dechêne, Monsieur Luc Savard, directeur de cabinet adjoint de la ministre de la Solidarité sociale, Madame Anne-Marie Pepin et Monsieur Jean-François Breton, du cabinet de la ministre déléguée à la Lutte contre la pauvreté et l’exclusion, formant l’équipe de travail rencontrée par le Collectif le 22 mars 2002

Mesdames, Messieurs,

Vous nous avez fait parvenir le 25 mars dernier une liste de questions.

Le Collectif en a pris note et y répond plus loin, en suite de cette lettre, dans l’ordre inverse à l’ordre reçu.

Toutefois, compte tenu des questions posées et des limites aperçues lors de la rencontre du 22 mars dernier, à son tour, le Collectif me charge de vous poser deux questions auxquelles il vous demande, Madame Goupil, de répondre.

Qu’êtes-vous prêtEs, comme gouvernement, à faire à court terme pour satisfaire les besoins essentiels non couverts en ce moment ?
Quel est votre cadre de référence?
Comme la délégation du Collectif du 22 mars dernier vous l’a exposé, nous sommes encore très loin d’une véritable couverture des besoins essentiels de toutes et tous au Québec. Vous le constatez vous-mêmes à même vos travaux. C’est une situation qui ne peut souffrir d’attente parce que de vraies personnes en souffrent chaque jour. À chaque fois qu’on fait défaut de rendre possible la couverture de ces besoins essentiels, la société québécoise et son gouvernement se trouvent à emprunter dans la vie et la vitalité des personnes, des familles et des milieux. Il y a là une priorité pour les finances publiques et pour les employeurs qui devrait se situer en haut de liste et non au point varia. Votre gouvernement est en fin de mandat, il commence à peine à réparer ce qu’il a contribué à empirer. Il y a beaucoup à faire dès maintenant. Vous connaissez la liste des mesures urgentes que nous préconisons. Il n’est pas possible de s’en tenir à l’indexation automatique des prestations d’aide sociale et à l’abolition de la coupure pour partage de logement en janvier 2003. Il faut rapprocher au 1 juillet 2002 l’application de cette abolition. Le rétablissement de la gratuité des médicaments à l’aide sociale et pour les personnes recevant le supplément de revenu garanti, ça ne peut pas attendre. Le barème plancher non plus. La hausse du salaire minimum non plus. Les allocations familiales non plus. Et ainsi de suite. Vous devez agir maintenant, sinon l’enrichissement des unEs se fait sur le dos des autres et ce n’est pas ça, le Québec que nous voulons.

Ensuite, nous ne pourrons bien répondre à des questions de votre part que si vous nous exposez votre cadre de référence. Parce que la qualité d’une approche de lutte contre la pauvreté va se mesurer à la qualité de son approche globale. Tant que vous nous posez des questions ponctuelles, pointues et détachées de leur contexte, nous ne pouvons pas vous dire grand chose parce qu’il va manquer les tenants et les aboutissants et que ça va faire toute la différence. De même pour votre analyse des causes de la pauvreté et des solutions qu’elle commande, qu’on devrait apercevoir dans votre cadre de référence. Ce n’est pas pour rien que nous avons pris la peine de construire une proposition de loi très située par son préambule, avec une approche complète, avec un cadre, des principes, des objectifs, une programmation et des mécanismes. Ça prend nécessairement ça. Si vous ne fondez pas votre action sur l’essentiel, ça va nécessairement produire des effets pervers et des distorsions. Le message à donner aux personnes en situation de pauvreté et à la population est très important et déterminant pour leur implication dans le processus. Les gens vont faire la différence, sinon au départ du moins à la longue, entre un discours d’emballage et une détermination de fond. C’est ce qui gagnera ou perdra leur adhésion et leur confiance. Et la nôtre. Alors quel est votre cadre de référence?

Je termine en transmettant l’opinion du Collectif que, dans la mesure où vous agirez maintenant pour mettre en application des mesures urgentes de couverture de besoins essentiels, mieux vaut prendre le temps de continuer à avancer vers une option qui constituerait véritablement un saut qualitatif que de proposer très bientôt un contenu insuffisant qui ne serait pas assez mûri. Si vous cheminez en direction de ce que nous proposons, prenez le temps de cheminer suffisamment pour que ça jette les bases d’un véritable changement au Québec. Et nous vous répétons que vous pouvez très bien annoncer que votre cheminement vous conduit à mettre au débat, dans une commission parlementaire qui impliquera l’ensemble des éluEs et qui interpellera l’ensemble de la société québécoise, la proposition bien attachée que nous mettons de l’avant.

Et maintenant, voici nos réponses.

Nous souhaitons vous rencontrer pour en discuter une fois que vous en aurez pris connaissance.

Bien à vous,

Vivian Labrie,
pour le Collectif