Ateliers de réflexion en petits groupes

« Instruments, moyens et alliances pour un prochain pas vers un Québec sans pauvreté »
Un avant-midi de colloque nous a permis, avec trois présentations, de faire le bilan, de dresser le portrait de la genèse de la Loi 112 et de l’application qui en a été faite dans ses premières années. Nous étions donc très bien outilléEs suite à cela pour réfléchir collectivement aux perspectives qui s’ouvrent à nous avec cette Loi. Les ateliers de l’après-midi se voulaient donc l’occasion de s’attarder davantage aux instruments et moyens juridiques et/ou politiques à notre disposition.

Huit groupes d’une vingtaine de personnes se sont réunis autour du thème « Instruments, moyens et alliances pour un prochain pas vers un Québec sans pauvreté ». Dans une perspective de croisement de savoirs entre les participantEs de différents horizons, l’animation de ces ateliers visait plus particulièrement à mettre en lumière les points suivants :

a) Dresser le portrait des instruments et moyens mis de l’avant par les participantEs dans leur milieu pour lutter contre les préjugés et/ou pour améliorer les conditions de vie des personnes en situation de pauvreté.

b) Discuter de la portée relative de chacun de ces instruments et moyens et du pourquoi de leur importance.

c) Réfléchir également aux obstacles qu’ils nous permettent de surmonter dans nos luttes contre la pauvreté et du comment ils nous le permettent.

d) Échanger sur ce que ces moyens et instruments nous inspirent pour nos luttes futures. Quelles perspectives d’alliances tout cela introduit-il? Et comment pouvons nous les concrétiser dans l’objectif de continuer à avancer ensemble vers un Québec sans pauvreté?

es points suivants sont plus particulièrement ressortis de ces discussions :

1. L’impact des personnes qui vivent elles-mêmes les situations est certainement un grand plus à noter au bilan. Leur présence, et le fait de partir de leur vécu, change les points de vue et plusieurs d’exemples ont pu être échangés, notamment sur l’importance de sensibiliser les enseignantEs parce que les préjugés peuvent commencer très tôt.

2. Nous devons en ce sens comprendre le mécanisme de naissance des préjugés et des jugements pré-fabriqués sur mesure. Quels sont les liens entre la peur, l’inconnu, l’insécurité et les préjugés? « Les préjugés, ça part souvent d’un manque de connaissance ». Il faut donc sensibiliser et, pour ce faire, créer des espaces de rencontre. Leur réussite dépend cependant de l’approfondissement de notre compréhension des préjugés et de leur fabrication.

3. L’éducation et la sensibilisation ont été retenues comme des moyens d’action majeure en vue d’une meilleure application de la Loi 112 et d’une plus grande priorisation de la lutte à la pauvreté par l’ensemble de la société. On ne pourra faire bouger les choses sans un changement de mentalité. Ce dernier implique entre autres de l’éducation juridique (droits et obligations), une meilleure circulation de l’information critique y compris par une diffusion élargie, des moments de rencontres avec les personnes en situation de pauvreté et leur vécu, de l’éducation citoyenne plus large, etc.

4. Reconnaitre la vraie richesse. L’impact de cette présence des personnes dans les processus qui les concernent a également introduit l’importance de la réflexion sur la production invisible de la richesse. Cela vient notamment amplement justifier le fait qu’on garantisse un revenu minimum adéquat. Ceci dit, nous devons élargir la notion de personne en situation de pauvreté aux travailleurEUSEs à faible revenu. Il nous faut élargir les solidarités à toutes les personnes en situation de pauvreté, au-delà des statuts particuliers.

5. Nous avons l’expertise. Il faut bien sûr demeurer originaux dans nos moyens d’action et innover, mais il s’agit également d’une question d’intensité, de cohérence et de concertation qui peut nous mener aux pas suivants dans la lutte à la pauvreté.

6. Il faut apprendre à utiliser la Loi 112, en faire une référence constante dans notre travail et expliquer ce qu’on fait en lien avec elle. ChacunE de nous pourrait même adopter un article de la Loi qui nous inspire et le promener partout dans ce qu’on fait. Et la réflexion vaut pour les chartes et traités. Il faut être pro-actif, reprendre la réflexion sur l’importance de nos droits et aller au-delà du « patchage ». Sachons également que la Loi 112 est très peu connue des juristes, de tels colloque ou d’autres moments de rencontres demeurent donc très pertinents.

7. Il faut multiplier les alliances et affermir celles qui existent déjà. Le travail avec les juristes est certainement pertinent et à approfondir par exemple. Il importe notamment de multiplier les liens entre actions militantes et recours juridiques, d’améliorer les liens entre les deux types de stratégies, de s’informer davantage sur les traités et chartes, etc. Chaque action juridique devrait avoir une portée politique. Autre exemple : il faudrait faire des liens avec les experts de la santé pour démontrer que ce n’est pas payant de faire des économies sur le dos des personnes. Pensons également aux alliances possibles avec les artistes pour mettre du beau dans tous nos moyens d’actions. Et puis, il y a tous les réseaux du monde économique dans lequel nous ne sommes pas beaucoup impliquéEs. On pourrait essayer d’aller davantage à leur rencontre. Idéalement, il faut faire des liens entre tous les acteurs sociaux alors on a encore du boulot.

8. Les solutions se trouvent autant au niveau local qu’international. Il faut interpeller tous les niveaux de décisions et faire les liens qui s’imposent entre chaque palier. Il y a interdépendance entre ces niveaux de décisions et donc entre les moyens que nous pouvons prendre face à leurs actions inacceptable. Nous devrions notamment rappeler au gouvernement fédéral l’échec de son engagement à éliminer la pauvreté des enfants en 10 ans.

9. Il faut occuper tous les terrains de la lutte et devenir plus nombreux un par un. C’est la théorie du 1+1+1 : C’est la théorie du 1+1+1 : Trouver une personne de plus pour faire un geste de plus, et qui adopte un article de la Loi 112 ou de la Charte et le faire avancer.

10. Notre rêve n’est pas d’être touTEs de la même grande cause. La mobilisation s’est être ensemble, mais dans 125 luttes toutes aussi importantes les unes que les autres. Il faut apprendre à se renforcer mutuellement, à « s’additionner » pour construire un vrai projet de société.

11. Chacune des stratégies fait partie d’un ensemble. On ne peut faire l’économie de l’une ou l’autre.

12. À travers tout cela, il faut être conscientEs des obstacles, sans qu’ils nous empêchent d’avancer.