Des budgets et des politiques pour augmenter ou pour réduire les écarts ? Il est possible de penser autrement.

Il a été dit que dans le budget 2000-2001, il n’y avait pas de perdant et ceci une année où, rappelons-le, le gouvernement n’a pas eu la décence de relever le salaire minimum .

Alors il faudrait expliquer ce qu’y gagne un travailleur ou une travailleuse trop pauvre pour payer de l’impôt. Alors il faudrait examiner quelle est la part de redistribution pour le cinquième le plus pauvre de la population et presque tout le cinquième suivant, trop pauvre lui aussi pour payer de l’impôt?

Nous n’avons trouvé que deux mesures, de gestion de la misère, au coût de 246 M$ : l’indexation à partir de juin des prestations d’aide sociale, qui fera passer la prestation mensuelle de base pour une personne seule de 481$ à environ 489$, et l’annulation progressive de la coupure de 100$ qui taxe présentement cette prestation de base quand on partage son logement. Certaines familles pourront aussi se brancher sur l’internet et iront donc chercher, pour une dépense liée, une partie du 120 M$ prévu à cet effet.

Bilan : moins de 300 M$ pour les deux cinquièmes de la population qui sont trop pauvres pour payer de l’impôt, comparativement à 4,5 MM$ pour les trois autres. Il y a donc là augmentation substantielle des écarts entre les plus riches et les plus pauvres.

Supposons maintenant l’intégration de deux principes absents dans ce budget : 1. appliquer, quand vient le temps de redistribuer la richesse, un principe d’équité générale qui recherche un effet sur le revenu net de l’ensemble de la population plutôt qu’un effet sur les revenus nets des seuls contribuables imposables, 2. faire primer l’amélioration du revenu du cinquième le plus pauvre sur l’amélioration du revenu du cinquième le plus riche.

Si cela avait été fait, avec les 4,8 MM$ environ redistribués en revenu disponible, et en supposant pour la démonstration un effet universel, proportionnel au besoin et à l’utilité du revenu supplémentaire et inversement proportionnel au degré de richesse (cinq parts au cinquième le plus pauvre pour une part au cinquième le plus riche), le budget aurait pu répondre à la formule suivante :

-*320 M$ au cinquième le plus riche, soit plus que ce qu’obtient cette année le cinquième le plus pauvre,
-*640 M$ et 960 M$ aux deux cinquièmes suivants soit 1,6 MM$ pour la classe moyenne supérieure, ce qui est plus que la baisse d’impôt totale annoncée dans le budget 1999-2000 et pour laquelle la Commission des finances publiques a consulté à l’automne 1999,
-*1,28 MM$ au cinquième suivant, surtout composé de travailleuses et travailleurs à faibles revenus, complètement oubliés dans le présent budget, et enfin
-*1,6 MM$ pour le cinquième le plus pauvre de la population, soit amplement ce qu’il faut pour couvrir les besoins essentiels de tout le monde, créer substantiellement de l’emploi au bas de l’échelle et commencer un programme soutenu d’élimination de la pauvreté.
L’effet aurait été inverse : réduction des écarts. Ceci sans appauvrir personne relativement à l’année précédente. Ceci, de façon récurrente. Ceci, en conservant la même marges de manoeuvre. Ceci dans la logique de l’utilité marginale décroissante du dollar dans le revenu : les dollars sont principalement redistribués là où ils sont les plus utiles dans le revenu des personnes.