Mise à jour économique et lutte à la pauvreté: Les fruits empoisonnés de l’austérité
Aujourd’hui, c’est toute la stratégie électorale du gouvernement québécois qui est mise au jour. En outre, il en a profité pour confirmer que la lutte à la pauvreté est la dernière de ses préoccupations.
« Le gouvernement ne voit pas l’urgence d’agir pour lutter contre la pauvreté mais, à l’approche des élections, il a vu l’urgence de faire quelques cadeaux électoraux, lance Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté. Il a ainsi fait le choix de réduire les impôts de 1 milliard $. Sur cinq ans, cela représente 5 milliards $ en moins qui auraient notamment pu servir à améliorer les conditions de vie des personnes en situation de pauvreté. »
« De notre point de vue, le stratagème est proprement insultant, car il s’agit de cadeaux empoisonnés, poursuit M. Petitclerc. D’un côté, n’oublions pas que les baisses d’impôt d’aujourd’hui sont les déficits de demain. De l’autre, rappelons que les surplus budgétaires ont été gagnés au prix d’un étouffement des services publics. Les 200 millions $ par année qu’il réinvestira en santé et en éducation apaiseront à peine certaines crises engendrées par les années d’austérité budgétaire. »
« À quoi bon disposer de quelques centaines de dollars de plus dans nos poches si les services publics sont de moins en moins accessibles, s’il faut payer ou attendre toujours plus pour avoir accès à des places en garderie ou à des spécialistes, par exemple ? se demande M. Petitclerc. Faut-il rappeler que la protectrice du citoyen a souligné à quelques reprises que ce sont les “personnes vulnérables” qui avaient le plus souffert des compressions budgétaires des dernières années? »
Faire le choix de ne pas lutter contre la pauvreté
« Voilà plus de deux ans que nous attendons le troisième plan d’action gouvernemental en matière de lutte à la pauvreté et que le gouvernement promet qu’il sera ambitieux, affirme Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté. L’aperçu que nous en avons aujourd’hui nous laisse craindre qu’il ratera encore une fois l’objectif d’amener le Québec au rang des nations industrialisées comptant le moins de personnes en situation de pauvreté. »
« En effet, toujours selon Mme Larivière, le ministre Blais promet de faire sortir 100 000 personnes de la pauvreté en amenant leur revenu jusqu’au montant de la Mesure du panier de consommation (MPC), soit 17 716 $ pour l’année de référence 2016. Or, la MPC représente le montant nécessaire à la couverture des besoins de base reconnus (logement, habillement, alimentation, transport et autres), mais la seule couverture de ces besoins est loin d’être synonyme de sortie de la pauvreté. »
« Aujourd’hui, le gouvernement a fait le choix de continuer de pelleter le problème de la pauvreté par en avant, poursuit Mme Larivière. 2,6 milliards $ d’investissements additionnels d’ici 2023, c’est tout d’abord nettement insuffisant pour nous permettre de tendre vers un Québec sans pauvreté. En plus, il est incompréhensible que le gros des investissements soit prévu seulement dans six ans (700 millions $ en 2023) alors que 760 000 personnes vivent déjà dans la grande pauvreté. »
« Après cette mise à jour économique, nous avons hâte de voir ce que nous réserve le ministre Blais avec le prochain plan de lutte à la pauvreté. Fera-t-il le choix de maintenir des centaines de milliers de personnes dans la misère ? Devant les choix budgétaires de son gouvernement, nous n’avons pas les moyens d’être optimistes. »