Le mot de la fin – Colloque de la Fondation Robert-Sauvé sur la Loi 112

Que reste-t-il à dire après ces quelques heures de réflexion et d’échanges sur une loi porteuse d’une promesse d’un monde meilleur non seulement pour les personnes en situation de pauvreté, mais aussi pour l’ensemble de la société?

En tout cas, le simple fait que cette Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale ou Loi 112 ait été adoptée a déjà changé quelque chose dans l’attitude des personnes en situation de pauvreté. C’est vrai. Depuis l’adoption de cette loi et tout autour du mouvement citoyen qui continue de se développer depuis la proposition du Collectif, nombre de personnes en situation de pauvreté ont relevé la tête et se sont mises à croire qu’elles n’avaient pas seulement des devoirs envers la société, mais aussi des droits. Leur dignité a monté d’un cran, au moins… Cependant, les préjugés demeurent si forts, si tenaces envers ces personnes, qu’elles se laissent parfois envahir par toutes ces manifestations hostiles qui minent leur estime personnelle et leur confiance en elles-mêmes.

Tant que ce seront les personnes en situation de pauvreté qui serviront de filet de sécurité vivant pour l’économie de notre société, elles ne pourront se libérer assez pour mettre à profit leurs richesses personnelles. Et, en cela, ce ne sont pas seulement les « pauvres » qui sont perdantEs, mais également toute la société.

Pourtant, si l’on appliquait la Loi 112, on serait à même de «promouvoir le respect et la protection de la dignité des personnes en situation de pauvreté et de lutter contre les préjugés à leur égard». N’est-ce pas là un but de cette loi?

Que faire maintenant? Que faire pour que cette loi soit appliquée? Que faire pour la bonifier? Quelle est la route à suivre pour arriver à un Québec sans pauvreté et riche de tout son monde? Comment y arriver? Une chose dont je suis convaincue c’est qu’on ne pourra pas y parvenir sans impliquer activement les personnes en situation de pauvreté dans le processus. Ne sont-elles pas des expertEs de la pauvreté? Je suis persuadée qu’on ne peut se passer de leur expertise sur la route d’un Québec sans pauvreté. Ce n’est que touTEs ensemble – expertEs de la pauvreté et expertEs juridiques, communautaires, universitaires, … – que l’on arrivera à baliser intelligemment et efficacement le sentier encore étroit de l’élimination de la pauvreté.

Nous avons certainement fait un pas de plus ensemble aujourd’hui. Mais il nous en reste encore beaucoup à faire. Aujourd’hui, je vous invite personnellement, chacunE d’entre vous, à continuer la route. Puisse-t-il s’élargir un jour, ce sentier, et faire place à une large autoroute qui nous mènera touTEs ensemble vers un monde où chacunE aura sa place dans la dignité et le respect mutuel.

Et je terminerai par un préambule – mais oui! – celui de la Loi 112 où l’on retrouve une petite phrase plein de promesses pour les personnes en situation de pauvreté, dont je suis. Cette petite phrase dit que nous, les personnes en situation de pauvreté sommes les premières à agir pour s’en sortir. Pas de place, ici, pour les étiquettes de paresseuxSES, mais seulement pour des personnes qui seront aussi les premières à s’impliquer sur le plan du développement de la société… à la condition, bien sûr, qu’on cesse de les exclure!

Merci!

Micheline Belisle, Collectif pour un Québec sans pauvreté