Une artiste offre une affiche au Collectif

Lancement d’une affiche contre les préjugés et contre le projet de loi 57

Le Lancement de l'affichemardi 30 novembre, le Collectif lançait officiellement une affiche qui lui a été offert par Johanne Chagnon, une artiste de Montréal. Intitulée «Ça suffit les préjugés», l’affiche représente un mur, celui des préjugés, et présente des témoignages de personnes ayant vécu l’aide sociale.

L’oeuvre fut lancée officiellement au moment où le Collectif et le Front commun effectuaient leur bilan de la consultation générale sur le projet de loi 57. Le lancement s’est effectué avec l’auteure elle-même, ainsi qu’un groupe de personnes qui connaissent très bien et la pauvreté et les préjugés, puisqu’ils les vivent au quotidien. Le tout s’est déroulé aux bureaux du ministère de l’Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille, à Québec. Après avoir affiché l’oeuvre sur le panneau indicateur du ministère, le groupe s’est rendu au bureau des renseignements et plaintes pour déposer une plainte: avec le projet de loi 57, le ministre Béchard fait preuve de ses préjugés.

Puisque vous ne pourrez lire le texte qui apparaît sur l’affiche, en voici une transcription.

Un gros merci à Johanne Chagnon !

Non au projet de loi 57 sur l’aide sociale !

«Quand j’étais à l’aide sociale, tout ce que la dureté du régime a réussi à me faire, c’est de m’enrager. La job, je l’ai trouvée moi-même. Une image qui me vient: plus quelqu’un est fier, plus il relève la tête, plus il voit loin. C’est pas en écrasant et en abaissant quelqu’un qu’on le rend plus fier. Quand est-ce qu’on devient fier? Quand on peut subvenir à ses besoins. Quand on peut nourrir sa famille. Quand on se sent apprécié. Quand on a l’estime de soi et des autres. Quand tu te sens pas jugé. Être jugé, sentir les préjugés, ça contribue à t’écraser.»
Gilles Tremblay, ouvrier, Québec

«Moi, j’ai travaillé des 60 et 72 heures par semaine dans la restauration. Ensuite j’ai eu deux fils, dont un qui a de graves problèmes de santé. Cet enfant demande beaucoup. À cause de cela, même si je suis apte au travail, je ne puis accepter un emploi de façon régulière. Il y a quelques années, vous m’auriez dit que je vivrais cette pauvreté, que je la côtoierais, j’aurais ri de vous, je ne vous aurais pas cru personne. Maintenant, je comprends l’âme de cette souffrance.»
Danielle Caroll Lacoursière, mère monoparentale, Québec

Le 13 décembre 2002, l’Assemblée nationale du Québec adoptait à l’unanimité la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale . Cette loi visait et vise toujours à engager le gouvernement et la société québécoise à «tendre vers un Québec sans pauvreté». Deux ans plus tard, une réforme de l’aide sociale enfreint grossièrement cette loi sur la pauvreté et alimente les préjugés au lieu de les combattre.

La loi actuelle sur l’aide sociale est un vrai parcours à obstacle. À 533 $ par mois, la prestation de base rend impossible de s’en sortir. elle a perdu 30 % de sa valeur depuis 20 ans par défaut d’être indexée correctement. Et le gouvernement prévoit ne l’indexer qu’à moitié. Il augmente les contraintes dans le règlement et veut remplacer la loi actuelle par le projet de loi 57, qui nous ramènerait 40 ans en arrière.

Comment sortir de l’impasse ?

Une solution: retirer le projet de loi 57, améliorer la loi actuelle pour qu’elle couvre les besoins dans la dignité et les droits et tenir un débat public sur le régime de garantie de revenu qui devrait prendre le relais.

Face aux préjugés porteurs d’inégalités, qui aura le dernier mot ? Prétendons que le futur meilleur prime sur le futur à reculons. Allumons la lumière rouge. Marquons l’objection. Et agissons.