Le Collectif interpelle le Premier ministre en matière de lutte contre la pauvreté

«Le début de la révolution, Monsieur Landry, ce serait une loi cadre fondée sur les droits!»

Québec, le 14 juin 2001. En entendant Bernard Landry promettre aux médias rien de moins qu'une véritable révolution en matière de lutte contre la pauvreté, le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté invite le premier ministre à prendre le mot au sérieux. "Une révolution, c'est une transformation complète de l'ordre social. Nous sommes d'accord. Il faut changer le système. Il faut mettre un stop à la croissance des écarts entre riches et pauvres et à ce qui la cause. Il faut jeter les bases d'un Québec sans pauvreté. Il faut commencer cette révolution", a signifié Vivian Labrie, porte-parole du Collectif, dans une lettre au premier ministre.

Pour le Collectif le début de la révolution, ce serait que le gouvernement se donne des obligations de résultats en encadrant sa stratégie par une loi fondée sur les droits sur la base du travail citoyen mené depuis trois ans.

Ce qui serait une révolution

Dans cette lettre, le Collectif rappelle au premier ministre les grandes orientations de sa proposition de loi qui, selon lui, permettraient de commencer à parler de révolution. Il faudrait passer à une approche globale, encadrée par une loi fondée sur les droits, sur la base de trois principes fondamentaux : la lutte contre la pauvreté comme priorité de l'action gouvernementale, l'amélioration prioritaire des revenus du cinquième plus pauvre de la population sur le cinquième plus riche, le souci d'associer les personnes en situation de pauvreté et leurs associations à l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation des mesures qui les concernent.

Il faudrait par ailleurs mettre immédiatement en application les mesures urgentes de cette proposition: l'indexation automatique des prestations d'aide sociale, l'instauration d'un barème plancher, la gratuité des médicaments pour les personnes âgées recevant le supplément de revenu garanti et pour toutes les personnes assistées sociales, la mise en application du droit à la formation et à l'insertion en emploi, la réforme des lois du travail pour mieux protéger les travailleuses et travailleurs précaires, la hausse du salaire minimum, la transformation du système d'allocations familiales en un système universel avec une couverture accrue pour les familles les plus pauvres, et plus de logement social.

Le premier ministre devrait aussi élargir son cadre de référence au delà du discours sur la croissance économique et l'accès à l'emploi en s'attardant aux conditions de travail des plus pauvres et en reconnaissant la contribution de toute personne à la société.

Un vrai tournant selon le Collectif, ce serait que les décisions qui seront annoncées entraînent une amélioration réelle du revenu et de la qualité de vie des personnes en situation de pauvreté, quelle que soit leur situation.

C'est pourquoi il enjoint dans sa lettre le premier ministre d'allouer les moyens nécessaires pour "amorcer la réparation des écarts entre riches et pauvres que vous avez contribué vous-même à accentuer à coups de milliards au cours des trois derniers budgets."

Consulter correctement

Le Collectif analysera dans quelle mesure la méthode de consultation annoncée permettra de donner suite au travail sans précédent amorcé par les milliers de personnes, dont des personnes pauvres, qui ont contribué à l'élaboration de sa proposition de loi. Il rappelle que ce processus a été soutenu par les 215 307 signataires de la pétition déposée en novembre dernier à l'Assemblée nationale et par plus de 1500 organisations dont de nombreuses villes et municipalités. Il devrait y avoir là un point de départ.

Par ailleurs le Collectif s'objecte à une consultation pendant l'été. Il insiste sur l'importance d'une consultation dans les régions et veut s'assurer que le cadre permettra aux personnes en situation de pauvreté d'y participer pleinement.

Une rencontre d'orientation déterminante

De son côté, le Collectif est plus déterminé que jamais à développer la mobilisation et la pression nécessaires à un véritable saut qualitatif en matière de lutte contre la pauvreté. En effet, il a tenu avec son réseau une rencontre d'orientation les 3-4-5 juin derniers. Elle a confirmé la volonté ferme de ce réseau de voir exister une loi cadre fondée sur les droits sur la base de la proposition de loi qu'il met de l'avant, d'obtenir des gains à court terme par la mise en application immédiate des principes et mesures urgentes de cette proposition et de prendre les moyens en conséquence. L'importance de travailler à lutter contre les préjugés en favorisant les contacts directs des personnes non pauvres avec les personnes en situation de pauvreté y a également été soulignée. Outre leur réponse à la stratégie gouvernementale, le Collectif et son réseau entendent faire valoir ces orientations sur une base non partisane à la faveur des prochaines élections et du prochain budget.

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Créé le14 juin 2000
Dernière modification19 août 2015

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