Loi 112 sur la pauvreté

Plusieurs centaines de personnes pressent le gouvernement de mettre l’argent à la bonne place

Montréal, le dimanche 1 décembre 2002 - À l'initiative du Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées aujourd'hui à midi devant les bureaux du premier ministre pour lui signifier l'urgence d'améliorer le projet de loi 112 sur la pauvreté et de prendre maintenant les décisions budgétaires nécessaires pour couvrir les besoins essentiels des plus pauvres.

Des fonds à affecter en priorité à des mesures urgentes

"Les besoins essentiels de centaines de milliers de personnes ne sont pas couverts en ce moment au Québec, ont dit Vivian Labrie et Rachel Lacasse, porte-parole du Collectif. Les auditions de la commission parlementaire sur le projet de loi 112 l'ont largement démontré. Si le gouvernement se décidait, il pourrait y avoir une unanimité des parlementaires sur un point de départ raisonnable. Il faut arrêter d'emprunter sur la santé et l'espérance de vie des personnes en situation de pauvreté. Nous en sommes à l'adoption de la loi article par article. C'est le temps de prendre les décisions nécessaires pour en venir à éliminer ce déficit humain honteux pour notre société. Il va falloir plus que des guignolées pour y arriver."

À cet égard le Collectif réclame que les 300 M$ par année annoncés par le gouvernement en juin dernier au moment du dépôt du projet de loi 112 sur la pauvreté servent en premier à des mesures urgentes améliorant directement les revenus des personnes. Parmi ces mesures, le rétablissement de la gratuité des médicaments pour les personnes à l'aide sociale et les personnes âgées recevant le supplément de revenu garanti coûterait 23 M$. Cette mesure aurait un impact énorme sur la vie de ceux et celles qui doivent en ce moment choisir entre manger et se soigner.

Le moment est venu aussi d'instaurer un barème plancher qui inscrira dans la loi de l'aide sociale que les prestations doivent au moins couvrir les besoins essentiels et qu'elles ne peuvent être coupées pour la partie qui couvre les besoins essentiels. Le gouvernement pourrait commencer par garantir les prestations actuelles, ce qui coûterait 52 M$ et en venir ensuite progressivement à la couverture des besoins essentiels.

Des améliorations nécessaires au projet de loi 112

Outre l'engagement à la couverture des besoins essentiels, le Collectif demande également au premier ministre de faciliter un consensus parmi ses collègues pour rendre possible d'améliorer le projet de loi 112. Parmi les améliorations nécessaires à l'efficacité de la loi, le Collectif insiste sur l'importance d'ajouter une clause d'impact ainsi que deux cibles visant à faire figurer le Québec en dix ans parmi les États où il y a le moins de pauvreté et le moins d'écarts entre riches et pauvres.

Il insiste pour que la loi prévoit dans son texte la levée des obstacles empêchant les plus pauvres d'exercer leurs droits fondamentaux. Les travaux de la commission parlementaire ont bien montré que plusieurs règles en usage alimentent et conduisent à des traitements discriminatoires, par exemple au niveau du droit au logement, du droit à un niveau de vie décent ou du droit au respect de la vie privée, ceci malgré des droits identiques et malgré le fait que les nécessités de bases soient les mêmes pour tout le monde. Cette disposition équiperait la loi pour permettre une évolution devenue nécessaire vers un régime plus universel, actif à lutter contre les préjugés, reconnaissant l'expertise de chaque personne et dans lequel tous et toutes pourront se reconnaître sans honte.

Un Québec sans pauvreté, tout le monde y gagne

Les idées mises de l'avant par le Collectif ont fait du chemin depuis cinq ans dans la population et elles ont trouvé beaucoup d'écho dans les diverses présentations à la commission parlementaire. Le Collectif rappelle au premier ministre qu'un Québec sans pauvreté, tout le monde y gagnera. Il faut donner à la loi 112 les moyens d'encadrer et de programmer une action concertée et continue dans cette direction.

C'est également le point de vue de Clément Bergeron, porte-parole de l'Association québécoise des banques alimentaires et des Moisson (AQBAM) : "Nous saluons la solidarité exprimée par la population autour des diverses guignolées. Nous croyons que la population veut aussi que les gouvernements agissent pour éliminer cette pauvreté qui se vit violemment douze mois par années". L'AQBAM vient de joindre les rangs du Collectif, tout comme le Collectif des entreprises d'insertion du Québec, ce qui porte à 30 le nombre d'organismes nationaux membres du Collectif, en plus des groupes dans chaque région.

La culture au rendez-vous

Le rassemblement de ce midi s'est poursuivi par le dévoilement de cinq immenses toiles réalisées sous la direction de l'artiste québécois Armand Vaillancourt et par un événement culturel au Club Soda. À cette occasion, le spectacle de Gilles Garant, Karen Young, Sally Robb, Break syndical, Sylvie Legault, Xpression, Zuruba, a été entrecoupé des interventions de Chantal Bernard, Lucienne Cadoret, Lynda Lafrenière et Joan Tremblay, toutes quatre en situation de pauvreté, de même que de celles de Claudette Carbonneau, présidente de la CSN, Claude Faucher, vice-président de la CSD, Monique Richard, présidente de la CSQ, Suzanne Amyot, vice-présidente de la FTQ, qui sont venuEs exprimer la solidarité de leurs centrales syndicales respectives.

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Créé le1 décembre 2002
Dernière modification19 août 2015

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