Budget du Québec, dépôt des crédits et lutte contre la pauvreté

Un bon départ pour les familles, rien de clair pour les personnes seules

Québec, le 30 mars 2004 - Le Collectif pour un Québec sans pauvreté constate que le budget et les crédits déposés aujourd'hui ne rempliront que partiellement les obligations qui lui sont faites par la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Les mesures annoncées par le ministre des Finances, Yves Séguin, amélioreront directement les revenus des familles les plus pauvres par le nouveau Soutien aux enfants. Toutefois, rien n'indique que les revenus et les conditions de vies des personnes seules les plus pauvres seront améliorés par le plan de lutte à la pauvreté attendu plus tard cette semaine. Le ministre responsable de cette loi ne disposera que de 190 M$ sur trois ans pour le faire.

«Les familles trouveront un certain espoir dans ce budget, mais les personnes seules qui ont commencé le mois avec une prestation de 533$ ne verront rien aujourd'hui pour améliorer leur revenu. Il reste à voir si des mesures supplémentaires auront été prévues dans le plan de lutte contre la pauvreté. Les provisions annoncées aujourd'hui pour le faire sont faibles», affirme Vivian Labrie, porte-parole du Collectif.

Des mesures oui, mais qu'en sera-t-il du plan d'action requis par la loi ?

Hormis les annonces d'aujourd'hui sur le Soutien aux enfants, la Prime au travail et les annonces en logement social, il restera très peu d'argent neuf (190 M$ sur trois ans) pour mettre en action de façon efficace le plan de lutte contre la pauvreté requis par la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. La mesure de Soutien aux enfants (550 M$) dépasse les demandes en la matière des groupes sociaux, qui étaient de 400 M$. Le remplacement du programme APPORT par la Prime au travail aura un impact net intéressant pour les familles. Cet impact sera beaucoup plus faible pour les personnes sans enfant. Son impact effectif dépendra aussi des autres mesures annoncées dans le plan de lutte contre la pauvreté. Le Collectif voudra s'assurer qu'elles ne favorisent pas l'emploi précaire. Les mesures en logement social (256 M$, moins la partie prévue pour le logement privé qui ne lutte pas contre la pauvreté) correspondent grosso modo aux demandes minimales des groupes sociaux (128 M$) à ce sujet, mais elles seront insuffisantes pour régler la crise du logement.

Par ailleurs, il n'y a pas d'annonces dans le budget pour
-L'abolition des pénalités à l'aide sociale (47 M$)
-La couverture des besoins essentiels à l'aide sociale ( 453 M$)
-Le rétablissement de la gratuité des médicaments à l'aide sociale (16 M$) et pour les personnes âgées recevant le supplément de revenu garanti (7 M$)
-L'abolition de la soustraction de la pension alimentaire de la prestation d'aide sociale des parents qui la reçoivent (33 M$)
-L'aide à l'emploi et à la formation (185 M$)

En fait, les crédits déposés par la Présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, prévoient 30 M$ de moins en aide à l'emploi et 41 M$ de moins à l'aide sociale. On se demande donc comment le ministre pourra, avec 190 M$ sur trois ans, combler ces besoins et respecter «intégralement les principes et la lettre de la loi».

La situation évolue-t-elle pour les personnes et les familles les plus pauvres ?

Pour les personnes seules et pour les couples sans enfants , le budget n'annonce rien de neuf en revenus directs. Il faudra attendre le plan d'action du ministre, qui contient peu de provisions hormis les mesures annoncées dans le budget. La mesure de Prime à l'emploi sera insignifiante pour les personnes seules au salaire minimum à temps plein (21$ par année) et un peu meilleure (770 $ par année) pour les couples sans enfant travaillant à temps plein au salaire minimum.

Pour les familles monoparentales avec un enfant , ces familles se retrouveront avec des revenus bonifiés de 775 $. La Prime au travail bonifiera le revenu des familles monoparentales travaillant au salaire minimum à temps plein de 1 700$ par année si la famille ne demandait pas APPORT auparavant.

Pour les familles biparentales avec deux enfants , ces familles se retrouveront avec des revenus bonifiés de 1750 $ par la mesure de Soutien aux enfants. La Prime au travail bonifiera le revenu des familles biparentales travaillant au salaire minimum à temps plein de 2 750 $ par année si la famille ne demandait pas APPORT auparavant.

La suite demain

Beaucoup de questions restent aujourd'hui sans réponse. Il faudra attendre la publication dans les prochains jours du Plan de lutte contre la pauvreté pour dresser un tableau complet des intentions réelles du gouvernement.

Pour le Collectif la couverture des besoins essentiels et la réduction des écarts entre le cinquième le plus riche et le cinquième le plus pauvre de la population sont deux conditions obligées pour «tendre vers un Québec sans pauvreté» comme le veut la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Cette loi impose de rejoindre d'ici dix ans le rang des nations industrialisées où il y a le moins de personnes pauvres.

Les annonces de demain donneront l'heure juste.

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Créé le30 mars 2004
Dernière modification19 août 2015

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