29 octobre 2021 Lettre ouverte

Salaire minimum: Pourquoi le gouvernement veut-il maintenir les gens dans la pauvreté?

Le président du CA de Cogeco, Louis Audet, a ouvert le bal lundi dernier en osant proposer une augmentation du salaire minimum de 13,50 $ à 20 $ l’heure. Ce serait un moyen de réduire les inégalités sociales qui vont s’accroissant et toute la société – même le patronat – en sortirait gagnante. Comme il le disait lui-même, « il faut avoir un peu d’audace! ».

(Lettre publiée dans Le Soleil et Le Droit du 29 octobre et dans le Journal de Montréal du 31 octobre)

Rapidement, on a vu le gouvernement se braquer contre cette idée, multipliant les appels à la sacro-sainte prudence et se bornant à évoquer le « choc économique important » que subiraient les employeurs si le salaire minimum était augmenté trop vite. Et malheureusement, il n’a rien proposé pour venir en aide rapidement à tous ces travailleurs et travailleuses à bas salaire qui ont de plus en plus de difficulté à joindre les deux bouts.

Une telle position de fermeture du gouvernement est totalement irresponsable.

Pas plus tard que la semaine dernière, dans son discours d’ouverture, le premier ministre reconnaissait qu’il y avait eu une hausse rapide du coût de la vie dans la dernière année. Statistique Canada a chiffré la hausse de l’Indice des prix à la consommation à 5,1 % pour le Québec entre septembre 2020 et septembre 2021. Le prix des aliments a bondi de 4 % et celui du logement de 4,4 %.

Les personnes en situation de pauvreté sont les plus touchées par de telles augmentations, et les personnes qui travaillent au salaire minimum, même à temps plein, en font partie.

Justement, le Bilan-Faim publié le 28 octobre nous montre une augmentation de 37 % de la distribution de paniers de provisions entre 2019 et 2021. Et le nombre de travailleuses et de travailleurs qui ont eu recours aux banques alimentaires aurait augmenté de 40 %. Des augmentations en bonne partie attribuables à la pandémie, et Les Banques alimentaires du Québec nous rappellent que « la hausse du coût de la vie et l’inflation ne font qu’aggraver cette situation ».

Devant cela, comment le gouvernement peut-il rejeter du revers de la main une augmentation du salaire minimum suffisante pour faire sortir les personnes de la pauvreté? Que propose-t-il à tous ces travailleurs et travailleuses au salaire minimum qui vivent « un choc économique important » chaque fin de mois, quand vient le temps d’essayer de boucler le budget?

Les temps nous semblent particulièrement propices à un peu plus d’audace. En ce sens, le Collectif pour un Québec sans pauvreté revendique désormais un salaire minimum de 18 $ l’heure. C’est le minimum nécessaire actuellement pour permettre à une personne seule travaillant à temps plein de sortir de la pauvreté.

Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté