4 février 2021 Communiqué

Le gouvernement prive les personnes à l’aide sociale de 1 020 $ par année

Voilà près de cinq mois que le gouvernement du Québec refuse de tenir compte de la révision de la Mesure du panier de consommation (MPC) par Statistique Canada et d’ajuster en conséquence les prestations versées aux personnes assistées sociales. En agissant ainsi, il prive ces personnes de sommes importantes et se trouve à renier des engagements qui étaient déjà honteusement insuffisants. Le Collectif pour un Québec sans pauvreté exhorte le gouvernement à corriger le tir dès le prochain budget.

« Sur une base annuelle, le refus du gouvernement de tenir compte de la révision de la MPC prive les personnes à l’Aide sociale de 1 020 $, les personnes à la Solidarité sociale de 856 $ et les personnes à la Solidarité sociale de longue durée de 1 208 $*, explique le porte-parole du Collectif, Serge Petitclerc. Comment le gouvernement ose-t-il faire de telles économies sur le dos des personnes les plus mal prises de notre société, des personnes qui n’arrivent souvent à couvrir que la moitié de leurs besoins de base ? »

(* Tous les chiffres sont présentés dans un tableau ci-dessous.)

Des cibles nettement insuffisantes

Rappelons que le Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion et la participation sociale 2017-2023 comporte des cibles d’amélioration du revenu pour les personnes assistées sociales. Le gouvernement s’y engage à assurer, au 1er janvier 2021, un revenu disponible équivalant à 55,1 % de la MPC aux personnes à l’Aide sociale, à 77,6 % de la MPC aux personnes à la Solidarité sociale et à 90,1 % de la MPC aux personnes à la Solidarité sociale de longue durée.

« Le Collectif ne cesse de répéter que les cibles du dernier plan de lutte contre la pauvreté sont nettement insuffisantes, poursuit Serge Petitclerc. Que le gouvernement vise moins que la couverture des besoins de base pour les personnes assistées sociales est scandaleux. Car donner moins que le minimum reconnu, c’est compromettre la santé et la dignité des gens. En ce sens, il est difficile de concevoir qu’il cherche à renier des engagements aussi minimalistes. Car c’est bien ce qu’il fait présentement en refusant de tenir compte de la révision de la MPC. »

Un entêtement incompréhensible

Rappelons aussi qu’en septembre dernier, Statistique Canada a officialisé sa révision de la MPC. Le montant nécessaire à la couverture des besoins de base est ainsi passé de 17 820 $ à 20 080 $ pour 2018. Après indexation, le montant de la MPC s’élève à 20 767 $ pour 2021. C’est ce qu’il faut à une personne seule pour se procurer un ensemble de biens et de services prédéfini, censé représenter ce qu’il faut pour couvrir ses besoins de base en matière d’habillement, d’alimentation, de logement, de transport et « d’autres nécessités ».

Pour le moment, le gouvernement du Québec refuse de tenir compte de cette révision de la MPC réalisée par Statistique Canada.

« Pour le Collectif, il va de soi que les politiques publiques doivent être basées sur les données les plus récentes, précise Serge Petitclerc. Pourquoi le gouvernement s’obstine-t-il à utiliser des montants qui ne correspondent pas à la réalité économique d’aujourd’hui, si ce n’est que pour économiser, encore une fois, sur le dos des plus pauvres ? À moins que ce soit là une énième manifestation du vieux préjugé voulant qu’on ne doit pas donner trop d’argent aux personnes assistées sociales, sans quoi elles ne chercheront pas à améliorer leur situation en retournant sur le marché du travail ?

 « Tenir compte ou pas de la révision de la MPC ne relève pas d’une lubie byzantine. Ne pas en tenir compte a une conséquence grave et bien réelle : des personnes qui n’ont déjà pas des revenus suffisants pour couvrir leurs besoins de base se voient privées de sommes qui devraient leur revenir. Par ailleurs, il faut souligner que l’augmentation des prestations prévue au dernier plan de lutte contre la pauvreté visait précisément à combler un manque à gagner dû à une progression du coût de la vie plus rapide que celle des prestations. Pourquoi refaire la même erreur ? Pourquoi, sitôt “comblé” un manque à gagner, le gouvernement s’empresse-t-il d’en creuser un autre ? »

Écart entre le revenu disponible* dont les personnes devraient disposer depuis le 1er janvier 2021 et celui que leur accorde actuellement le gouvernement

* À noter que le revenu disponible comprend le montant des prestations mensuelles, le crédit d’impôt pour solidarité (1 028 $/an), le crédit pour la TPS (299 $/an) et l’ajustement pour personne seule (600 $/an).

 

La MPC (révisée!) : un minimum 

En prévision du prochain budget du Québec, le Collectif pour un Québec sans pauvreté mène une campagne pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il ajuste de façon urgente les montants versés aux personnes assistées sociales en tenant compte de la MPC révisée. Il l’exhorte également à s’engager, dès maintenant, à viser la MPC pour toutes et pour tous. Cette semaine, le Collectif a soumis un mémoire en ce sens au ministre des Finances dans le cadre des consultations prébudgétaires.

Plus d’information sur la campagne La MPC (révisée!): un minimum au pauvrete.qc.ca/mpc-revisee-campagne.