Élections 2003

Paralysie électorale sur la lutte contre la pauvreté

QUEBEC, le 10 avril - Malgré des demandes répétées, ni Bernard Landry, ni Jean Charest, ni Mario Dumont, ne rencontreront le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté d'ici à l'élection, les agendas des uns et des autres étant accaparés semble-t-il par d'autres priorités. A quatre jours des élections québécoises, le Collectif ne peut que constater la paralysie qui s'est emparée des formations politiques qui ont voté unanimement en décembre dernier la loi 112 visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale.

Pourtant un sondage Léger Marketing publié lundi le 7 avril dans le journal Le Devoir place la lutte contre la pauvreté en tête d'une liste de questions préoccupant l'électorat.

Lors d'une rencontre d'une heure et demie hier avec la ministre des Finances Pauline Marois et sa collègue Nicole Léger, le Collectif n'a pu obtenir aucun autre engagement du gouvernement sortant que celui d'une autre rencontre pour revoir la manière de comptabiliser les dépenses affectées à la lutte contre la pauvreté. Alors que d'autres annonces électorales ont été faites dans des contextes beaucoup plus improvisés, les réponses aux demandes de mesures urgentes du Collectif, pourtant connues depuis longtemps, ont à nouveau été reportées, cette fois au plan d'action dont l'annonce ne devra pas dépasser la date du 5 mai, en vertu de la loi 112. Le Collectif a par ailleurs obtenu qu'hormis ces mesures urgentes, qui selon lui doivent être concrétisées sans délai, ce plan d'action puisse faire l'objet d'une forme d'aller-retour avec les milieux concernés avant d'être confirmé comme point de départ de la mise en application de la loi 112.

Une lettre signée par Jean Charest, chef du PLQ, a quant à elle simplement confirmé les engagements antérieurs du Parti libéral du Québec sur le rétablissement de la gratuité des médicaments et la garantie de la prestation actuelle à l'aide sociale. Aucun engagement précis n'est venu de l'ADQ.

"Il est étonnant de voir que la loi 112, pourtant adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale en décembre dernier, soit l'objet d'un black-out quasi total pendant la campagne électorale. Cette loi résultant du travail citoyen est-elle si en avance sur les moeurs politiques que les partis politiques ne savent pas comment l'aborder pendant une campagne électorale ? Ou serait-ce que les partis politiques ont peur de parler de réduction des écarts, de justice sociale et de couverture des besoins essentiels en temps d'élection?" demande Vivian Labrie, porte-parole du Collectif.

Des centaines de milliers de personnes, avec ou sans emploi, ne couvrent toujours pas leurs besoins essentiels au Québec et se butent à des règles de société qui contribuent à générer la pauvreté et les inégalités alors qu'il y aurait moyen de faire autrement. Dans son bilan des dernières années, le Collectif constate que le revenu mensuel de base d'une personne assistée sociale apte au travail, participant à des mesures et ayant besoin de médicaments prescrits est passé de 650 $ en 1995 (500$ + 150$ + gratuité) à 636 $ en 2003 (523$ + 130$ - 16,67$). Par contre, les baisses d'impôt successives du fédéral et du Québec depuis 1999 redonnent en 2003, à même les finances publiques, l'équivalent en moyenne d'une demi-prestation d'aide sociale nette à chaque contribuable du cinquième le plus riche de la population québécoise.

Selon le Collectif, les silences sur les incohérences de système qui conduisent à traiter les plus pauvres comme des citoyenNEs de seconde zone et les promesses de baisser les impôts ou de réduire l'intervention de l'Etat ne répondent pas à l'idéal d'égalité en droits et de juste distribution de la richesse de la société québécoise.

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Créé le10 avril 2003
Dernière modification19 août 2015

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