20 février 2024 Communiqué

Le gouvernement doit se donner les moyens d’éliminer la pauvreté!

Le gouvernement du Québec s’emploie à réduire les attentes en vue du prochain budget parce qu’un déficit plus élevé qu’anticipé lui imposerait une plus grande parcimonie. Pourtant, avec les différentes crises qui frappent le Québec, des mesures structurantes de lutte contre la pauvreté sont plus nécessaires que jamais, selon le Collectif pour un Québec sans pauvreté. Le gouvernement ne peut plus laisser la situation se dégrader : il doit agir et, pour commencer, s’en donner les moyens.

Des crises qui s’aggravent

« Le gouvernement doit cesser de faire l’autruche : par son refus d’agir en amont, il est en bonne partie responsable de l’augmentation du nombre de personnes en situation d’itinérance, qui dépassent présentement le cap des 10 000 au Québec, souligne la co-porte-parole du Collectif, Virginie Larivière. Même chose pour l’augmentation du nombre de personnes qui sont dorénavant obligées de recourir aux services des banques alimentaires : elles étaient près de 900 000 en 2023. Cela représente une augmentation de 73 % par rapport à 2019, et la tendance ne semble pas près de s’inverser.

« Et c’est sans compter qu’avec une hausse de 28 % du loyer mensuel moyen entre 2019 et 2023, un nombre croissant de personnes voient le loyer engloutir la majeure partie de leurs revenus. Déjà, en 2021, 173 000 ménages locataires avaient des besoins impérieux de logement au Québec.

« Bien que le gouvernement commence enfin à reconnaître l’existence de ces crises – souvent du bout des lèvres –, il ne semble pas prêt à s’y attaquer, se contentant de mesures palliatives ou, comme dans le cas du logement social, nettement insuffisantes. »

Un meilleur soutien au revenu

« Personne au Québec ne devrait être forcé de vivre dans la rue, d’avoir recours à une banque alimentaire, d’habiter dans un logement inabordable, etc., poursuit Virginie Larivière. La Charte des droits et libertés de la personne stipule que “toute personne dans le besoin a droit, pour elle et sa famille, à des mesures d’assistance financière et à des mesures sociales […] susceptibles de lui assurer un niveau de vie décent” (art. 45).

« Pourtant, environ une personne sur dix n’arrive pas à couvrir ses besoins de base tels que définis par la Mesure du panier de consommation (MPC), un indicateur calculé par Statistique Canada qui correspondrait à “un niveau de vie modeste”. Au Québec, le seuil de la MPC est actuellement estimé à 24 200 $ pour une personne seule. »

La principale recommandation du Collectif en vue du prochain budget du Québec va donc comme suit : que le gouvernement rehausse les protections publiques de façon à assurer à tous les ménages un revenu au moins égal à la MPC.

Différents moyens sont à la portée du gouvernement pour augmenter les revenus des gens qui en ont besoin. Par exemple, le Collectif s’est allié à quelque 200 universitaires et 350 organisations l’an dernier pour revendiquer l’élargissement du programme de Revenu de base à l’ensemble des personnes assistées sociales. (Voir d’autres moyens dans le mémoire prébudgétaire du Collectif.)

Une meilleure redistribution de la richesse

« Le gouvernement a la responsabilité d’assurer la redistribution de la richesse au sein de la société et de s’assurer que les plus riches paient leur juste part afin de financer, notamment, les services publics et les programmes sociaux, rappelle le co-porte-parole du Collectif, Serge Petitclerc. Ainsi, il devrait contribuer à réduire les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. Malheureusement, depuis le début de son mandat, le gouvernement actuel a pris certaines décisions qui ont eu l’effet inverse. La baisse d’impôt qui est entrée en vigueur en 2023 est particulièrement révélatrice à cet égard.

« En plus de favoriser les personnes les mieux nanties de la société québécoise, cette mesure prive le Québec de milliards de dollars alors même que le ministre des Finances laisse planer l’ombre de compressions budgétaires et que l’accès à des services publics de qualité se trouve de plus en plus compromis. »

Une autre recommandation du Collectif en vue du prochain budget du Québec est que le gouvernement annule sa baisse d’impôt et réinvestisse les sommes ainsi récupérées dans le filet social. Par ailleurs, il devrait réformer la fiscalité pour la rendre véritablement progressive et ainsi accroître la contribution des personnes mieux nanties.

Un 4e plan de lutte contre la pauvreté ambitieux

« La ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire doit déposer le 4e plan d’action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ce printemps, poursuit Serge Petitclerc. Si tel est le cas, les sommes allouées à sa mise en œuvre devraient se retrouver dans le budget 2024-2025. Ce budget revêt ainsi une importance considérable pour le Collectif, vu qu’il devrait nous donner une idée des principales mesures que le gouvernement entend mettre en œuvre pour lutter contre la pauvreté au cours des prochaines années.

« D’une part, la dégradation marquée des conditions de vie d’un grand nombre de personnes en situation de pauvreté dans les dernières années devrait inciter le gouvernement à déposer un prochain plan de lutte contre la pauvreté particulièrement ambitieux, doté de moyens conséquents. D’autre part, il devrait garder en mémoire que la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale lui enjoint d’agir pour “combattre la pauvreté […] et tendre vers un Québec sans pauvreté”. »

 

Pour consulter le mémoire prébudgétaire 2024-2025 du Collectif: « Donnons-nous les moyens d’éliminer la pauvreté! »

Pour en savoir plus sur la campagne prébudgétaire du Collectif: pauvrete.qc.ca/budget-quebec-2024/ 

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